Histoire de la compagnie Turkish Airlines
Création de la compagnie et premières années d'expoitation
La compagnie Turkish Airlines est l'héritière de la State Airlines Administration, créée en 1933 à Ankara, capitale de la République turque , sous l'égide du Ministère de la Défense. De ce fait, elle est née dans la période de l'entre-deux guerres, pendant laquelle les grandes compagnies nationales comme Lufthansa (Allemagne), Aéroflot (URSS), Swissair (Suisse) ou Air France ont vu le jour. À l'époque, la Turquie moderne tente de se constituer après le démantèlement de l'Empire Ottoman survenu progressivement au fil du siècle précédent et des deux premières décennies du XXème. Dans sa version de 1933, la flotte de la compagnie ne comprend que 2 King Birds de 5 sièges, 2 Junkers de seulement 4 sièges et 1 ATH-9 (10 sièges).
Dans le nouvel État, aux frontières politiques et administratives encore incertaines, l'entité passe sous le contrôle du Ministère des Travaux Publics en 1935, puis de celui des Transports en 1938. À cette occasion, l'intitulé de la compagnie devient : General Directorate of State Airlines, soulignant le caractère national de la compagnie. Pendant la seconde guerre mondiale, la Turquie déclare sa neutralité, restant en marge du conflit, mais les vols de la compagnie aérienne restent purement intérieurs. Au final, ce n'est qu'à 2 mois de la fin des combats, que la République turque rejoint les Alliés. Ce positionnement tardif lui permet, néanmoins, de devenir l'un des 51 membres fondateurs de l'ONU et de pouvoir conduire sa compagnie aérienne à l'international. Elle se dote en premier lieu du Douglas DC-3 - connu également sous le nom de Dakota C-47 - avion bi-moteur qui avait fait ses preuves durant la guerre en tant que transporteur de troupes et dont les exemplaires étaient recyclés auprès des compagnies aériennes de tous pays. Cet appareil apporte un véritable plus dans l'expansion de l'aviation civile dans la mesure où il est capable d'une large autonomie de vol, qu'il fait preuve d'une solidité mécanique reconnue, d'une facilité d'entretien qui le fait apprécier des services de maintenance et que sa consommation en carburant est faible, ouvrant ainsi la voie à la rentabilité des lignes aériennes en cours d'établissement.
En 1947, la première voie internationale régulière entre Ankara, Istanbul et Athènes est inaugurée. Le premier mai 1956, la compagnie turque prend officiellement son nom définitif de Turkish Airlines, Inc. Son code IATA, caractérisant la compagnie pour l'aviation civile, est TK et son code OACI (code technique utilisé pour le contrôle aérien et les plans de vol) est THY correspondant aux initiales de Türk Hava Yollari, nom de Turkish Airlines en langue turque. À la fin des années 1950, Turkish Airlines diversifie sa flotte et introduit le F 27, nouveau turbo-propulseur produit par les usines de Hollande de la marque Fokker, ainsi que le Vickers Viscount, autre turbo-propulseur mais d'origine britannique. Ce dernier appareil est apprécié pour ses performances en terme de vitesse, silence et absence de vibrations. Par ailleurs, il possède des hublots plus grands que ses concurrents, offrant aux voyageurs un panorama plus vaste. Le Vickers Viscount sera pourtant l'appareil sur lequel se jouera la première catastrophe aérienne de Turkish Airlines.
Le 17 février 1959, l'avion de Turkish Airlines, ayant à son bord l'ancien premier ministre turc Adnan Menderes, venu en Angleterre flanqué d'une délégation pour signer l'accord sur Chypre, s'écrase à proximité de l'aéroport de Londres Gatwick. Un épais brouillard est la cause de l'accident qui fera 14 morts sur 24 personnes à bord. L'ancien premier ministre sera au nombre des survivants et son nom sera donné à l'aéroport d'Izmir (l'ancienne Smyrne), troisième ville du pays.
Turkish Airlines à l'ère des jets
L'année 1967 est marquée par l'arrivée du premier Douglas DC-9, le premier jet, au sein de la flotte de Turkish Airlines. Cet appareil biréacteur, doté d'un seul couloir central, se veut un concurrent direct du Boeing 727 et avait déjà été commercialisé sur Delta Airlines, compagnie américaine basée à Atlanta en Géorgie, depuis la fin 1965. Il est destiné aux vols moyen-courriers qui constituent la première cible de la compagnie turque. L’ère des jets s’annonce et bientôt ce sont le Boeing 707 et le DC-10, appareil triréacteur qui, lui, a vocation à couvrir les destinations long-courriers qui rejoignent la flotte entre 1971 et 1973. Les besoins de capitaux frais se font sentir et, en 1984, le capital de la société d’État est porté à 60 milliards de livres turques. Turkish Airlines sera, à partir de cette augmentation, classée « Entreprise Économique d’État ». L’année suivante, c’est au tour de l’Airbus A310 d’être intégré dans la flotte. Concurrent déclaré du Boeing, l’A310 se caractérise par un fuselage large – 8 sièges peuvent être installés de front en conformation 2-4-2 – et un rayon d’action qui le rendent compétitif sur les vols transcontinentaux. De surcroît, dérivé de l’Airbus A300 dans sa conception, il permet aux pilotes agréés sur ce dernier appareil d’être opérationnel sur l’A310 en une seule journée de formation, occasionnant ainsi des économies substantielles pour la compagnie.
Équipée de jets, Turkish Airlines peut se lancer à l'assaut du marché asiatique et inaugure, en 1986, sa première ligne à destination de Singapour. Suit une nouvelle augmentation significative de capital, celui-ci passant de 60 à 150 milliards d'unités (livre turque) pendant l'année 1987. Le réseau de la compagnie s'enrichit d'une ligne New York-Bruxelles. Le mois de mars 1990 voit une nouvelle augmentation du capital (700 milliards) qui sera suivie en septembre de l'entrée de la compagnie nationale dans le champ des privatisations engagées par le gouvernement libéral de Yildirim Akbulut. Dans un souci de modernisation, Turkish Airlines s'attache à renouveler sa flotte par l'introduction du Boeing 737 (un moyen-courrier) en 1991 et de l'Airbus A340 (un long-courrier) en 1993 sur lequel un service de première classe est instauré. Une ligne régulière en vol direct relie désormais la Turquie à New York, grâce à la mise en service d'un second puis troisième Airbus A340 en juillet 1994. Dans le même temps, le DC-9, avion historique de la compagnie, est retiré de la flotte. D'autres Airbus la complèteront progressivement.
Nouvelle politique commerciale
À partir de 1998, Turkish Airlines s'engage dans une politique commerciale de partages de codes (codeshare) avec Austrian Airlines sur les lignes reliant Vienne à Istanbul, Ankara et Izmir, Swissair sur la route Istanbul-Zurich, Croatian Airlines de Zagreb à Istanbul et Japan Airlines entre Istanbul et Tokyo. Par la suite, cette politique sera étendue à d'autres compagnies comme All Nippon Airways, Pakistan International Airlines, Royal Air Maroc, Syrian Arab Airlines, Malaysian Airlines vers Kuala Lumpur et les compagnies membres de l'alliance Star Alliance dont Turkish Airlines est cofondatrice. Cette alliance, la plus ancienne de ce type, comprend à ce jour une trentaine de compagnies parmi lesquelles Lufthansa (Allemagne), Scandinavian Airlines System (SAS), Air Canada, Air China, South African Airways et les américaines Continental Airlines et United Airlines. L'année 2000 voit de nouveaux partages de codes mis en place et la suppression de tels accords avec Austrian Airlines et Malaysian Airlines. Parallèlement, les Jeux Olympiques de Sydney (Australie) sont l'occasion d'accéder à son aéroport à partir de septembre. En 2003, alors que Turkish Airlines se préparait à démarrer des lignes régulières, à raison de 2 par semaine, vers Pékin et Shanghaï, la crise sanitaire consécutive à la grippe aviaire repousse le projet de quelques mois. L'Association des Compagnies Aériennes Européennes (AEA) décerne son prix de la compagnie la plus fiable à Turkish Airlines sur le critère du plus faible pourcentage de bagages égarés sur ses lignes et la place en deuxième position pour la ponctualité de ses vols.