La compagnie aérienne Air Algérie de nos jours
Evolution et développement
Pour prétendre rivaliser avec les grandes compagnies, Air Algérie se doit de diversifier ses destinations aux régions du globe sortant de sa sphère traditionnelle, à savoir l'Afrique et l'Europe. C'est dans cette perspective que la ligne Alger-Montréal est inaugurée à mi 2007. Ce choix de Montréal découle de plusieurs considérations. Canada et Algérie ont en commun la pratique de la langue française, les entreprises canadiennes sont restées présentes en Algérie, même au temps des remous consécutifs aux balbutiements de l'indépendance. Le ministre des transports algérien Mohamed Maghlaoui entretient des rapports de confiance avec la déléguée canadienne Michaëlle Jean. Il est prévu qu'à raison de deux fois par semaine, Alger et Montréal soient reliés. À cette époque, le président-directeur général d'Air Algérie Mohamed Tayeb Benouis décède. Il est remplacé par un politique, le député Abdelwahid Bouabdellah, et non par un industriel. Sa nomination a pour objet d'assainir les finances de la compagnie, considérée jusqu'à ce jour plus comme un instrument d'expression politique que comme une société commerciale, quitte à faire passer au second plan les impératifs d'une gestion rationnelle. L'adhésion à l'OMC organisation mondiale du commerce spécialisée dans le rapprochement économique entre pays membres et l'harmonisation des pratiques de libre-échange international , à laquelle se soumet l'Algérie, a pour effet sur le transport aérien l'ouverture du territoire algérien à la concurrence, alors qu'il en a été jusqu'ici protégé.
Le nouveau dirigeant est, ainsi, conduit à rajeunir la flotte d'Air Algérie qui se compose actuellement de Boeing 737-600 et 737-800, troisième génération du 737 lancé 40 ans plus tôt ; d'Airbus 330-200, appareils au rayon d'action pouvant aller jusqu'à 12500 km, au faible coût d'entretien et d'exploitation, susceptibles d'évoluer sur les lignes transcontinentales ; d'ATR 72, avions franco-italiens pouvant aussi bien transporter des passagers que du fret. Une ligne Alger-Pékin, datant de 2009, concrétise la vocation mondiale d'Air Algérie. Toutefois, Abdelwahid Bouabdellah doit faire face au déficit chronique de la compagnie qui s'est investie dans le subventionnement des transports des ressortissants algériens vivant en France, même si cette charge est partagée avec le ministère de la Solidarité Nationale. C'est pourquoi la politique du PDG se recentre sur le coeur de métier d'Air Algérie le transport des passagers confiant à des filiales les activités moins stratégiques.
Une autre préoccupation est la relative faible part de la compagnie dans les vols internationaux au départ (ou à l'arrivée) d'Alger. Celle-ci ne dépasse guère les 50% du marché alors que les prévisions étaient de 60% au moins. Le marché est, également, sujet à fluctuations en raison de l'arrivée, pour l'instant modeste, de la compagnie charter Air Méditerranée, société française qui, au départ de Paris, Marseille, Lyon, Nantes et Toulouse son siège est dans l'aéroport de Tarbes s'implante, entre autres, sur le continent africain y compris l'Algérie.
Air Algérie est aussi au centre d'une polémique internationale. La Direction de l'Aviation Civile Algérienne ayant entravé l'essor de la compagnie française Air Azur par des mesures limitatives quant à la fréquence de ses lignes sur l'Algérie, l'Union Européenne envisage de faire payer à Air Algérie la taxe carbone dont elle l'avait dispensée jusque là. Une telle taxe alourdirait considérablement les frais de la compagnie en cours de redressement. Par ailleurs, les relatifs bas salaires, par rapport à la concurrence, des pilotes d'Air Algérie risquent de conduire à leur désaffection au profit des compagnies florissantes du Golfe, d'où une obligation de les augmenter. Une tension supplémentaire de cette catégorie de personnel a résulté d'une interview d'Abdelwahid Bouabdellah au journal Annahar, accusant les pilotes de piller les nourritures et le vin transportés à bord. La mesure qu'il préconisait d'installer un passage au scanner de contrôle des navigants a été refusée par la profession.
Politique commerciale
Néanmoins, en l'état actuel du marché, Air Algérie, à partir de son « hub » (terme international désignant la plateforme d'une compagnie) de l'aéroport Houari Boumedienne d'Alger du nom de l'ancien président de la République, transporte 3 millions de passagers par an. Cet aéroport, utilisé par 4 millions de voyageurs, toutes compagnies confondues, et dont la capacité pourrait être de 12 millions, a été rénové et se divise en deux terminaux, l'un destiné au vols intérieurs, l'autre aux lignes internationales.
Les destinations desservies par la compagnie s'étendent, outre les lignes intérieures largement exploitées, à l'Afrique avec Abidjan (Côte dIvoire), Niamey (Niger), Nouakchott (Mauritanie), Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso), Carthage (Tunisie), Casablanca (Maroc), Tripoli (Libye) et Dakar (Sénégal) ; à l'Europe sur les aéroports de Paris Charles de Gaulle, Orly et les principales villes françaises, de Milan et Rome (Italie), Moscou (Russie), Francfort (Allemagne), Alicante et Barcelone (Espagne) et Londres Heathrow (Angleterre); au Moyen Orient : Beyrouth (Liban), Djeddah (Arabie Saoudite) aéroport des pèlerins arrivant à La Mecque, Le Caire (Égypte), Damas International et Amman (Jordanie). Pour l'instant, seuls le Canada à Montréal et la Chine à Pékin bénéficient de lignes sur les autres continents.
La compagnie Air Algérie a passé des accords de partage de codes (système d'exploitation en partenariat avec d'autres compagnies) avec Aigle Azur, Middle East Airlines, basée à Beyrouth et dont le réseau s'étend sur toute la région et Air China, compagnie officielle de la Chine, portant le drapeau national sur ses appareils, restructurée depuis 2002. L'IATA, organisation internationale qui gère le transport aérien civil de la plupart des compagnies aériennes mondiales hormis quelques compagnies low cost, a attribué à Air Algérie le code à deux lettres « AH », distinctif et employé sur l'ensemble des aéroports mondiaux.
Outre son activité principale de transport de passagers sur lignes régulières, Air Algérie se consacre à l'exploitation de charters pétroliers qui véhiculent 500000 passagers annuels, au développement de deux compagnies charters Oumra et Hajj spécialisés dans l'acheminement saisonnier sur les lieux saints de l'Islam, et dun service de restauration, dit Commissariat Hôtelier, qui lui permet de subvenir à ses besoins au départ des vols sur son territoire national. Sur le sol algérien, Air Algérie propose aux autres compagnies une assistance pour la maintenance et l'entretien des avions.